Paroles d’anciens combattants

Alors que la crise sanitaire et les confinements successifs incitent les Maires à repenser les traditionnelles cérémonies de commémoration, nous avons voulu échanger avec ceux qui ont combattu au nom de la France. Une manière de leur rendre hommage et de redécouvrir le devoir de mémoire.



Pérenniser les souvenirs de la Nation en célébrant ceux qui ont combattu pour nos libertés. Les cérémonies patriotiques, moments de partage, de recueillement et d’émotion, ont cela de précieux. 

Mais en ces temps difficiles où la distanciation physique est de mise et où les rassemblements ne peuvent avoir lieu, trouver de nouvelles formes d’hommage n’est pas chose aisée. 

La Ville de Saint-Cyr-l’École compte trois associations d’anciens combattants : l’Union Nationale du Combattant (UNC), l’Union Française des Anciens Combattants (UFAC) et la Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie (FNACA). Depuis toujours, c’est côte à côte que la Ville et ses associations œuvrent pour se souvenir des combats passés et transmettre un message de paix aux générations futures. Voici les portraits de trois anciens combattants Saint-Cyriens, qui ont accepté de nous confier le sens de leur engagement.


Alain Miri et Jean Couton ont accepté de partager un bout de leur histoire pour témoigner de leur engagement au service de la France.

Ils font partie de ces deux millions de jeunes appelés au « maintien de l’ordre» en Algérie. L’un est originaire d’Afrique du Nord et promis à une carrière de footballeur professionnel, prématurément interrompue, qui le pousse à s’engager, très tôt dans l’armée, au 13e Régiment de tirailleurs, à Landaü, en Allemagne. Le second, jeune étudiant en comptabilité, est appelé sous les drapeaux, en 1960, au 3ème Régiment d’Infanterie de Marine à Maisons-Laffite.

À la fin des années 50 pour l’un, et au début des années 60 pour le second, ils partent en Algérie, un engagement qui dure jusqu’à la proclamation de l’indépendance, en 1962.

De leur expérience militaire, ils retiennent le dévouement inconditionnel pour défendre leur patrie. 

«Lorsque j’ai été appelé, je ne savais pas dans quoi je m’engageais, explique Alain Miri. Nous n’avions pas le choix. Il fallait combattre. Mais il s’agissait d’une évidence : il fallait défendre la France.» 

Discret, Jean Couton aquiesce. « Il est vrai que la notion d’engagement était très différente à l’époque. Ce n’était pas un choix. L’armée n’était pas professionnalisée comme c’est le cas aujourd’hui. Nous partions pour notre premier «voyage» sans savoir où cela nous mènerait. Nous étions probablement moins conscients des risques qu’aujourd’hui». 

Pour autant et malgré l’horreur des combats, cette période leur a enseigné le respect, le courage et la fraternité; ces valeurs , selon eux, sont parfois oubliées dans notre société actuelle. 

« À l’époque, l’engagement militaire était un héritage quasi filial. De père en fils, nous nous engagions et défendions notre pays. Aujourd’hui, ce patriotisme se perd. Multiplier les rencontres intergénérationnelles et les témoignages dans les écoles permettrait de faire perdurer ce sens de l’engagement. Il est primordial de faire connaître le courage et le sacrifice dont ont fait preuve les anciens combattants au service de la Nation à la fois pour créer de nouvelles vocations mais également pour l’unité nationale », concluent les deux amis.  


Quand on rencontre le Général Pascal Vinchon, on comprend très vite que le sens de l’engagement fait partie de son ADN, un héritage familial qui lui a été transmis dès son plus jeune âge. 

« J’ai toujours baigné dans le souvenir d’une France occupée et l’idée qu’il ne fallait plus que ce scénario se reproduise. Il fallait être prêt à se défendre face à tous les ennemis. J’en connaissais le prix : Papa est mort au combat. Mais aussi difficile que représente la perte brutale d’un parent, je crois fort qu’il faut que d’autres soient prêts à prendre de tels risques pour que nous restions libres. J’ai décidé d’être de ceux-là. »

La vie militaire du Général Pascal Vinchon commence au lycée militaire de Saint-Cyr-l’École en 1971 où il intègre les classes préparatoires puis l’école de l’Air à Salon de Provence pour être officier de carrière. Très vite, il devient pilote de chasse, et part régulièrement en opération, à l’époque en Mauritanie puis au Tchad. La seconde partie de sa carrière le mènera dans les états-majors parisiens, notamment durant la guerre en Bosnie Herzégovine avec la supervision de la totalité des forces françaises. Ces opérations, éprouvantes sur le terrain, imposent des évacuations sanitaires beaucoup trop fréquentes.

De son engagement, le Général Pascal Vinchon retient le devoir d’excellence et la solidarité, l’esprit de corps et de camaraderie. « La guerre c’est véritablement terrible mais c’est parce que c’est terrible qu’il y a autant de solidarité entre ceux qui la font ».

Quant aux valeurs à transmettre aux futures générations, le Général Pascal Vinchon insiste sur le sens du collectif et l’esprit patriotique qui prennent aujourd’hui tout leur sens en cette période de pandémie. « Depuis toujours, le peuple français a fait preuve de résilience, il s’est toujours relevé, même dans les moments les plus sombres de son Histoire. Alors que disparaissent les derniers combattants de la Libération, nous devons honorer ces résistants et militaires à l’occasion des prochains 8 mai, 18 juin, 25 août et 11 novembre. De nouvelles menaces nous rappellent aujourd’hui la communauté de destin. Parce que notre liberté collective repose sur les citoyens français, il faut être prêt à s’engager. On ne peut demander à tous de prendre les armes. Mais chacun peut agir à son niveau et doit reconnaître le besoin de solidarité nationale, de solidité de la démocratie. Avec l’Union nationale des combattants, nous souhaitons redire aux Saint-Cyriens combien il est important de se souvenir de ceux qui ont combattu pour notre liberté dans le passé, de soutenir ceux qui prennent aujourd’hui des risques.

Parce qu’on ne peut prédire quels seront les défis de demain nous restons tout particulièrement prêts à expliquer dans les écoles et lors de sorties scolaires qu’il faut, tous, nous tenir prêts à nous engager pour la France. »

Article publié le : 17 mai 2021.
Mis à jour le 17 mai 2021 à 15 h 38 min